Le gouverneur de la Banque de France a exhorté le paysage politique du pays à trouver des "compromis pragmatiques" pour sortir de l'instabilité qui plombe l'économie.

Francois Villeroy de Galhau, à Francfort, en novembre 2024 ( AFP / KIRILL KUDRYAVTSEV )
"De grâce, qu'on dépasse les remèdes simplistes et les lignes rouges que chaque camp se jette à la figure!". A l'occasion d'un entretien sur France 2 , le gouverneur de la Banque de France a exprimé sa colère face aux "querelles politiciennes" qui entravent la progression du pays et sa place dans un concert international agité. "Nous vivons dans un monde inquiétant", a t-il lancé, évoquant "la guerre en Ukraine, la nouvelle agressivité américaine ou la concurrence chinoise". "Pour s'en sortir, la France devrait être un moteur de l'Europe. Aujourd'hui, la France est vue comme un frein parce que nous sommes paralysées par nos querelles politiciennes", a t-il regretté, sur le plateau du journal de 20h, lundi 29 septembre.
"Nous aimons tous notre pays, mais moi je vais dire comme beaucoup de Français : j'en ai assez de ce gâchis !" , a poursuivi le gouverneur de la Banque de France, qui fait valoir les "atouts économiques" nationaux, "grâce au travail des Français, grace aux entreprises". "Il y a des solutions pratiques! Pas de solutions faciles, mais des solutions possibles", soutient-il. "De grâce, qu'on dépasse les remèdes simplistes, les lignes rouges que chaque camp se jette à la figure, et qu'on travaille à des compromis pragmatiques!", a t-il encore ajouté.
Quelles pistes pour le Budget 2026 ?
Côté politique, de premières orientations sont désormais connues pour le projet de Budget 2026, avec toutefois de nombreuses zones d'ombre.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu compte ainsi laisser les coudées franches au Parlement : c'est lui "qui définira le budget de la Nation", a-t-il dit, souhaitant y voir émerger "des compromis". Mais les premières orientations du nouveau Premier ministre semblent bien s'inspirer de celles de son prédécesseur François Bayrou.
Sébastien Lecornu souhaite ramener le déficit public "aux alentours" de 4,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2026, un objectif peu éloigné des 4,6% que visait François Bayrou, après 5,4% attendus en 2025. Il confirme aussi la cible d'un déficit de maximum 3% du PIB en 2029. Comment compte-t-il y parvenir? La priorité irait à "la réduction des dépenses", notamment une diminution de six milliards d'euros du "train de vie" de l’État et "une meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités locales". Dans le même temps, Sébastien Lecornu dit rejeter l'idée d'un "budget d'austérité et de régression sociale".
Le nouveau locataire de Matignon ne veut ni d'un retour de l'impôt sur la fortune (ISF), ni de la taxe Zucman réclamée par la gauche pour taxer à 2% minimum les patrimoines des 1.800 contribuables les plus riches. Il se dit toutefois sensible aux appels à "plus de justice fiscale" et souhaite des efforts "partagés et justes". "Je ferai donc une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d'autres diminueront", indique-t-il. Concernant les impôts qui pourraient baisser, Sébastien Lecornu a affirmé lundi lors de la réunion organisée avec ses alliés du "socle commun" que son gouvernement ferait des "propositions" de baisse d'impôts "notamment en faveur du travail".
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